Les Grecs anciens avaient une perception riche et complexe de l’amour. Contrairement à notre vision moderne souvent centrée sur les relations romantiques, ils distinguaient différentes formes d’amour, chacune ayant ses propres caractéristiques. Voici les dix principales définitions de l’amour selon la culture grecque antique.

Les 10 types d’amour d’après les Grecs anciens
Sommaire
- 0.1 Les 10 types d’amour d’après les Grecs anciens
- 0.1.1 1. Pornéïa : L’attirance physique primitive
- 0.1.2 2. Pothos : Le besoin de l’autre
- 0.1.3 3. Mania Pathé : La passion dévorante
- 0.1.4 4. Éros : Le désir et la passion
- 0.1.5 5. Storgé : L’affection familiale
- 0.1.6 6. Philia : L’amitié bienveillante
- 0.1.7 7. Ludus : L’amour léger et ludique
- 0.1.8 8. Pragma : L’amour durable et construit
- 0.1.9 9. Philautia : L’amour de soi
- 0.1.10 10. Agapé : L’amour inconditionnel
- 1 Pourquoi Éros était-il considéré comme dangereux par les Grecs ?
- 2 L’influence des définitions grecques de l’amour sur nos relations modernes
- 3 Un petit outil avant de partir ?
1. Pornéïa : L’attirance physique primitive
Pornéïa, dérivé du grec « πορνεία » signifiant prostitution ou débauche, décrit le premier degré de l’amour, souvent réduit à l’attirance physique initiale. Il s’agit d’une pulsion primaire qui peut être le point de départ d’une relation mais qui, seule, ne suffit pas à créer un attachement profond et durable.
2. Pothos : Le besoin de l’autre
Pothos traduit une forme de manque et de nostalgie pour l’autre, un désir intense de connexion. Cette forme de lien est souvent mélangée à une dépendance émotionnelle liée à la peur de l’absence. Les périodes de célibat non souhaitées, lorsqu’elles se prolongent, peuvent vous exposer à un certain nombre de risques lorsque vous rencontrez une nouvelle personne. C’est pourquoi il est important d’apprendre à vous protéger.
3. Mania Pathé : La passion dévorante
Cet amour irrationnel peut mener à l’obsession et à une forme de folie amoureuse. Il est caractérisé par une intensité émotionnelle extrême et peut devenir destructeur s’il n’est pas équilibré.
4. Éros : Le désir et la passion
Éros est l’amour passionné et érotique, souvent lié au désir charnel et à l’attirance physique intense. Les Grecs le considéraient comme une force puissante et parfois dangereuse, pouvant engendrer une perte de contrôle.

5. Storgé : L’affection familiale
Storgé représente l’affection naturelle et spontanée entre membres d’une même famille, comme l’amour parental ou fraternel. Elle est fondée sur la loyauté et la confiance mutuelle.
6. Philia : L’amitié bienveillante
Philia est le sentiment d’attachement fondé sur le respect mutuel et la camaraderie. Ce lien profond repose sur des valeurs de complicité et de soutien réciproque, essentiel dans les relations d’amitié et les relations sociales solides.
7. Ludus : L’amour léger et ludique
Ludus représente le plaisir du jeu et notamment de la séduction. Il représente les flirts et les relations sans engagement profond souvent marqués par la joie et la détente.
8. Pragma : L’amour durable et construit
Pragma est l’amour qui se développe avec le temps et l’engagement. Il repose sur la patience, le compromis et le respect des aspirations communes.
9. Philautia : L’amour de soi
L’amour de soi est une composante essentielle des relations épanouies. Il peut être sain (estime de soi) ou excessif (narcissisme). Un bon équilibre de philautia favorise des relations plus harmonieuses avec les autres. Vous trouverez dans cet autre article, des pistes pour apprendre à prendre soin de vos propres besoins affectifs.
10. Agapé : L’amour inconditionnel
Agapé est l’amour universel, désintéressé et spirituel. C’est l’amour altruiste qui peut être adressé à l’humanité tout entière ou à une divinité.

Pourquoi Éros était-il considéré comme dangereux par les Grecs ?
Les Grecs anciens percevaient Éros comme une force incontrôlable, capable de causer d’immenses souffrances. Cette vision est illustrée par de nombreux récits mythologiques, comme celui de Phèdre (épouse de Thésée) qui succomba à un amour interdit pour son beau-fils Hippolyte sous l’effet d’un désir dévastateur. Son amour non partagé la conduisit au désespoir et déclencha une tragédie qui entraîna la mort du jeune homme.
De la même façon, le mythe de Narcisse montre comment un amour excessif, même tourné vers soi, peut mener à la destruction. En tombant amoureux de son propre reflet, Narcisse finit par se consumer de désir et mourir. Ces histoires témoignent de la puissance et des dangers d’Éros, qui, bien que source d’inspiration et de transformation, pouvait aussi être une force destructrice et incontrôlable. Plusieurs raisons expliquent cette ambivalence :
– Une puissance irrésistible : Éros était vu comme une force divine à laquelle même les dieux ne pouvaient échapper. Dans la mythologie, il est souvent représenté comme une énergie primordiale capable de bouleverser l’ordre établi.
– Une source de folie : Pour des auteurs comme Sophocle, Éros pouvait conduire à des comportements irrationnels voire destructeurs. La passion excessive pouvait faire perdre la raison et pousser à des actes inconsidérés.
– Une cause de souffrance : Euripide parlait d’Éros-nosos (Éros-maladie) et insistait sur la douleur que pouvait engendrer une passion amoureuse non réciproque ou incontrôlée.

Comment se tue en nous l’amour : trois degrés : souffrance, indignation, puis indifférence. La souffrance use l’amour, l’indignation le brise, et on arrive ainsi à l’indifférence finale.
Charles-Augustin Sainte-Beuve
– Une nature capricieuse et cruelle : Éros était souvent décrit comme espiègle et imprévisible. Il pouvait frapper au hasard, sans souci des conséquences, menant les hommes et les dieux à des passions dévorantes e parfois tragiques. De nombreux récits mythologiques témoignent de la capacité d’Éros à déclencher guerres et tragédies, comme dans l’histoire d’Hélène et de la guerre de Troie.
– Un amour qui échappe au contrôle : Contrairement à Pragma ou Philia, Éros ne se construit pas dans la durée. Il est une pulsion brûlante, intense mais souvent éphémère, rendant difficile la stabilité des relations fondées uniquement sur cette passion.
L’influence des définitions grecques de l’amour sur nos relations modernes
L’héritage des Grecs influence encore notre manière de concevoir l’amour aujourd’hui. Le fait qu’ils aient distingué plusieurs formes d’attachement permet une meilleure compréhension de nos propres relations et met en lumière la complexité des liens humains.
Une meilleure acceptation de la diversité relationnelle
Les types d’amour décrits plus haut nous aident à reconnaître la diversité des relations modernes. Aujourd’hui, de nombreuses formes de liens amoureux non traditionnels trouvent un écho dans cette vision nuancée de l’affection et du désir. Ces distinctions permettent de légitimer diverses façons d’aimer et de se lier aux autres. La vidéo ci-dessous présente le point de vue d’Eva Illouz, sociologue, à ce propos.
Un équilibre entre passion et amitié
L’opposition entre Éros et Philia met en évidence l’importance de la complémentarité entre la passion et l’amitié dans une relation. Les Grecs avaient déjà perçu que l’amour érotique seul pouvait être éphémère et instable. Aujourd’hui, cette compréhension nous encourage à chercher un équilibre entre attraction physique et affinité intellectuelle ou émotionnelle, fondement des relations durables.
L’importance de la maturité relationnelle
Pragma, l’amour construit sur le long terme, nous rappelle que la passion initiale n’est pas suffisante pour faire durer une relation. La patience, la communication et le respect des évolutions individuelles sont essentiels pour bâtir un attachement stable et résilient. Cette conception est particulièrement pertinente dans les relations conjugales modernes où les notions de partenariat et de compromis jouent des rôles clés.
Le rôle de l’amour de soi dans les relations
Un philautia équilibré est une base fondamentale pour établir des relations saines. Aujourd’hui, la psychologie moderne souligne également l’importance de l’estime de soi et du bien-être personnel dans l’établissement de liens affectifs satisfaisants.
L’importance du jeu et de la légèreté dans les relations
Ludus, qui met en avant le plaisir de la séduction et du jeu amoureux, nous rappelle que les relations ne doivent pas toujours être prises avec gravité. Dans un monde où les attentes romantiques sont parfois lourdes, reconnaître l’aspect ludique et spontané des relations peut contribuer à des interactions plus joyeuses et épanouissantes. Et les sites de rencontres ne sont pas les seules solutions pour rencontrer votre futur·e partenaire.
Ce que l’amour n’est pas
Ces témoignages de personnes qui fréquentent les réseaux de mise en relation montrent à quel point tout le monde ne cherche pas la même chose via les applications de rencontre. Le savoir permet de ne pas se faire d’illusions et de s’en protéger dans la mesure du possible.
Un petit outil avant de partir ?
Nous l’avons vu, tout le monde n’a pas la même définition de l’amour et chaque personne ne recherche pas les mêmes types de lien dans ses relations avec les autres. Mais, comme beaucoup de choses, tout n’est pas aussi tranché que les catégories décrites par les grecs. C’est pourquoi je vous propose un petit outil à partager avec vos partenaires divers·es et varié·es.
Cela fonctionne un peu comme un jeu. Pour commencer, admettons que vous avez 100 points à répartir dans les 10 catégories de liens pour qualifier ce que vous ressentez pour une personne à un instant T. Nous l’avons vu, les sentiments sont des petits êtres complexes dont la nature se transforme au cours du temps.
Par exemple, ce que vous ressentez pour quelqu’un pourrait prendre cette forme : 10% de Ludus, 25% de Pothos, 25% de Mania Pathé, 25% de Pornéïa et 15% de Philautia (parce que cette relation nourrit votre narcissisme d’une manière ou d’une autre).
Voici un tableau à imprimer autant de fois que nécessaire pour affiner la compréhension de vos relations et leur évolution. Et si vous voulez vous assurer que vous êtes sur la même longueur d’ondes avec votre/vos partenaires, je vous conseille de comparer vos réponses. Bien entendu, il n’est guère envisageable que vos tableaux soient exactement superposables. Un léger décalage entre les sentiments est normal. Cependant, si l’un·e d’entre vous ressent un attachement profond et durable (Pragma) alors que l’autre cherche essentiellement une relation légère et sans attache (Ludus), il y a un fort risque de souffrance.