Comment apprendre à se protéger quand on est célibataire ?

Lorsqu’on est célibataire, on se sent parfois vulnérable. Toutes les personnes dans ce cas ne recherchent pas forcément un ou une partenaire mais si c’est votre cas, j’ai listé ci-dessous 4 grandes dimensions de protection à considérer. Parce qu’effectivement de nombreux événements fâcheux peuvent survenir lorsqu’on cherche l’amour, il est important de prendre des mesures adéquates pour se protéger (et encore plus lorsqu’on est une femme).

Se protéger quand on est célibataire

Remarque : lorsque j’utilise les mots « femme » ou « homme » dans cet article ou ailleurs sur le site, je fais référence à toutes les personnes qui se reconnaissent dans ces dénominations, quels que soient leur genre.

1. Se protéger physiquement

Bien entendu, quand on pense « protection », on pense tout d’abord à notre enveloppe corporelle. A ce niveau déjà, plusieurs dangers doivent être envisagés.

Se protéger des IST

Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) touchent toujours de nombreuses personnes chaque année. La progression du VIH est encore très importante en France. Les infections à gonocoque ou à chlamydia sont en hausse régulière depuis plusieurs années partout dans le monde. Dans ce contexte, l’utilisation systématique des préservatifs et autres carrés de latex doit être une règle absolue.

enipse logo

Consultez le site de l’ENIPSE pour trouver des infos sur les IST et les meilleures façons de vous en protéger.

Les agressions

En France, plus de 97% des personnes mises en causes dans des cas de violences sexuelles sont des hommes (données du ministère de l’intérieur). Et encore, ce chiffre ne reflète pas la réalité parce qu’il ne représente que les cas où les victimes ont pu porter plainte. Alors, si vos partenaires sexuels sont des hommes, il peut être plus qu’utile de mettre en place un certain nombre de stratégies de protection lorsque vous ne les connaissez pas encore très bien.

  • Si vous vous rendez à un premier rendez-vous avec une personne rencontrée sur internet, faites-le dans un endroit public, un bar ou un restaurant que vous connaissez. Assurez-vous qu’il y aura du monde autour de vous et que vous pouvez être aidé.e en cas de problème. Dans certains bars, les femmes peuvent commander un « Mademoiselle » (un nom de code pour être mise en sécurité rapidement par le personnel en cas de problème). Vous pouvez aussi convenir d’un code avec un.e ami.e qui vous appellera opportunément après une durée fixée à l’avance… Et évidemment, ne suivez pas quelqu’un que vous ne connaissez pas à son domicile et ne lui communiquez pas votre adresse personnelle. Si la relation est amenée à se prolonger, vous aurez tout le temps de le faire ensuite.
  • Le revenge porn est l’autre grande catégorie de violences pouvant survenir. Il n’est pas l’apanage des nouvelles rencontres et ni des adolescent.es. Ce phénomène peut malheureusement toucher tout le monde, quel que soit votre âge et votre genre ; il apparaît même parfois dans le cas de couples constitués depuis longtemps. Ce type de violences fait intervenir un auteur (quasiment jamais une autrice) mais aussi de nombreux et nombreuses complices qui se font les relais des images ou vidéos. Si vous êtes victime ou témoin, il est très important de porter plainte si vous le pouvez ou, à tout le moins d’alerter les autorités compétentes. Quoi qu’il en soit, et même si vous détestez la personne victime, ne vous rendez pas complices de ces faits très graves qui peuvent conduire à la désocialisation, la dépression et le suicide des victimes. Ne répondez jamais favorablement à une demande de photos dénudées (ou alors faites en sorte de ne pouvoir y être reconnu.e), refusez que votre partenaire filme le moindre ébat à moins de maîtriser totalement le format et le support d’enregistrement. Ce genre de pratique doit absolument cesser !

Site à consulter pour obtenir des informations sur toutes les formes de violences sexistes et sexuelles.

arretons les violences

L’autodéfense féministe

Une bonne solution pour se protéger quand on est une femme est de se former à l’autodéfense féministe. Ce terme ne se résume pas uniquement à savoir se défendre physiquement contre les agressions du corps mais aussi à mettre en place un certain nombre de stratégies pour lutter contre le harcèlement (de rue notamment), contre les propos misogynes ou encore pour s’opposer à la maltraitance médicale et en particulier gynécologique. Ces aspects dépassant largement le propos de cet article, je vous laisse le soin de creuser vous-même cette question en lisant par exemple cet article ou cet article de l’excellente revue Silence (avec des coordonnées d’associations qui organisent des ateliers de formation en France).

2. Célibataire ? Apprenez à repérer les arnaques

Abordons maintenant le risque financier parce que malheureusement, il existe bel et bien. Les personnes que vous rencontrerez (ou avec lesquelles vous serez en contact à distance sans jamais les voir physiquement) au cours de votre quête de l’amour ne sont pas toutes bien intentionnées à votre égard. Certaines ne seront pas à vos côtés pour votre beauté d’âme mais parce qu’elles auront flairé une bonne affaire.

Les applis et sites de rencontre sont un terrain de chasse idéal pour cette nouvelle forme de criminalité.

Si quelqu’un que vous ne connaissez que par internet, que vous n’avez jamais rencontré physiquement vous demande de l’argent (pour aider sa famille dans le besoin, pour venir vous rejoindre en France, pour soigner un enfant malade, ou pour une toute autre raison – l’imagination des criminel.les n’a pas de limites en ce domaine), des cadeaux ou quoi que ce soit d’autre en échange de son attention, ne cédez jamais et mettez immédiatement fin à la relation. Derrière la photo de cette jolie femme ou de ce bel homme se cache peut-être quelqu’un de complètement différent. Et même si la personne existe et officie pour elle-même, ne vous laissez pas embobiner par des promesses, par des paroles enjôleuses ou des pleurs de soi-disant « êtres sans défense ».

Cependant, si toutefois vous pensez qu’une personne avec laquelle vous correspondez est réellement en danger et mérite d’être secourue, prenez toutes les précautions pour le faire sans vous placer vous-même dans une situation inconfortable sur le plan financier. Se protéger ne signifie pas qu’il faille cesser de faire preuve de compassion et de générosité à l’égard de son prochain mais de savoir mettre des limites et les faire respecter. En d’autres termes, il s’agit d’apprendre à développer votre assertivité.

Les victimes des « arnaques à l’amour » ne sont pas, comme on pourrait le penser au premier abord, des personnes un peu bêtes ou fragiles. Bien au contraire ! Partant du principe qu’on ne peut pas donner ce qu’on n’a pas, les escrocs ciblent prioritairement les personnes avec une position sociale enviable, souvent bien entourées et bien éduquées. Et si vous cherchez l’amour depuis longtemps (en particulier si vous cherchez via des applis ou des sites dont l’unique but est de vous y faire revenir), vous êtes peut-être un peu désabusé.e et parfois même totalement désespéré.e ce qui constitue une forme certaine de vulnérabilité. Vous êtes souvent prêt.e à tout (ou presque) pour fonder la famille ou le couple dont vous rêvez et ça, les arnaqueurs et arnaqueuses le savent bien.

Evidemment, ces conseils ne valent pas uniquement pour les « rencontres » sur internet. Dans la vraie vie aussi, si vous devez faire des pieds et des mains ou échanger quelque chose pour gagner le « droit » de capter l’attention d’une personne, FUYEZ ! J’y reviendrai plus bas dans la catégorie des risques émotionnels.

3. Renforcer ses défenses psychologiques

J’aborde ici une autre catégorie de risques plus insidieuse parce que nous baignons dedans depuis notre plus tendre enfance. Nous l’avons tellement intériorisée que parfois, nous n’en avons pas du tout conscience. Il s’agit de l’idée que nous devons être conforme aux attentes de la société et de nos proches ; à savoir être en couple et/ou fonder une famille. Plus précisément, nous avons validé l’idée que les personnes seul.es ne sont pas de bonnes personnes, que quelque chose cloche chez elles.

C’est tellement faux que ça ressemble à un lavage de cerveau doublé d’un essorage à grande vitesse.

Il est donc absolument indispensable d’apprendre à vous protéger des personnes et des messages sociaux qui vous transmettent, l’air de rien, votre supposée non-conformité. Les messages reçus sont plus ou moins subtils et se cachent un peu partout.

En voici quelques exemples avec des suggestions de parades mais amusez-vous à les traquer dans votre vie quotidienne (je serais d’ailleurs ravie que vous les partagiez en commentaire ainsi que les parades que vous avez mises en place) ; c’est un bon exercice pour renforcer vos défenses psychologiques.

  1. Votre famille vous enjoint régulièrement de trouver quelqu’un en multipliant les réflexions ou les références à unetelle ou untel qui vient de se marier ou de rencontrer une personne charmante sur une appli de rencontres (tu devrais peut-être essayer…). Bien entendu, il ne faut pas vous vexer parce qu’ils disent ça « pour votre bien » comme si vous ne pouviez pas être heureux ou heureuse, vous épanouir dans la vie sans un.e partenaire.

Comment réagir ? Bizarrement, je vais vous donner le conseil de NE PAS RÉAGIR ! Et surtout, de ne pas vous justifier. Ça ne sert à rien et surtout, cela transmet l’idée que vous éprouvez le besoin d’apporter une explication à votre situation et donc, que vous confirmez mine de rien qu’ils ont peut-être raison. La solution, comme souvent; réside dans le fait d’assumer sa différence. Vous êtes le ou la « bizarre » de la famille, tant mieux ! Avec le temps, votre famille en prendra son parti. Et si ce n’est pas le cas, rien ne vous empêche de ne pas passer votre vie aux côtés de vos parents, frères et sœurs, cousins et cousines… Après tout, on ne choisit pas sa famille (qui peut être très soutenante par ailleurs). Par contre, vous avez le pouvoir de choisir vos ami.es. Faites-le avec soin !

  1. Vous êtes en train de planifier des vacances et bizarrement, lorsque vous voulez réserver une chambre d’hôtel ou une nuit dans une location de courte durée, c’est le chiffre « 2 » qui apparaît par défaut dans le champ « nombre d’adultes ». Voyez comme le diable se cache dans les détails ! Tout de même, cela signifie que « par défaut », on imagine que vous êtes forcément deux personnes. Il ne viendrait pas à l’idée des concepteurs et conceptrices des sites internet de réservation que vous voyagez seul.e.

Comment réagir ? Il n’y a pas grand chose à faire mais si nous nous fendons tout.es d’un petit e-mail pour expliquer notre étonnement – surtout si nous utilisons l’humour – peut-être que les pratiques changeront. Par ailleurs, le nombre de personnes vivant seules ne cessent de progresser (voir ici les chiffres pour la France). Il serait bon de rappeler aux commerçants et autres hôteliers qu’elles représentent une part de marché grandissante qui pourrait se vexer de ne pas être considérée à sa juste valeur et qui pourrait choisir d’aller voir ailleurs.

  1. Dans les petites villes, et sans doute encore plus dans les villages, si vous vous installez pour boire un verre seule au comptoir ou en terrasse dans un bar que vous ne connaissez pas, vous aurez peut-être à supporter des regards peu amènes. Et j’ai bien écrit seulE avec un E final. Bizarrement, les regards égrillards ou désolés ou interrogateurs ou moqueurs ne semblent concerner que les femmes ! Si un homme s’installe au bar et commande une bière, tout le monde trouve ça naturel. Si c’est une femme, c’est une autre paire de manche. On la soupçonne d’alcoolisme (et c’est encore plus moche quand c’est une femme, hein ! – évidemment, je souligne cette énormité) mais pire on suppose souvent qu’elle souffre de solitude (l’horreur suprême) et qu’elle cherche un ou une partenaire de causerie et plus si affinités. Rapidement, des personnes vont se relayer pour pallier ce manque insurmontable, personnes qu’elle devra éconduire gentiment (parce que si elle n’est pas gentille, elle se fera assez rapidement traiter de tous les noms). C’est bien connu, si une femme est seule dans un lieu public, c’est qu’elle cherche quelqu’un ! Je suis un peu taquine mais je sais que les femmes me comprendront.

Comment réagir ? Tout d’abord, je vous renvoie à l’autodéfense féministe que j’ai évoqué plus haut. Ensuite, il peut être utile de vous munir d’un livre (voir la sélection ci-dessous par exemple), d’une bonne playlist audio ou vidéo et d’écouteurs et/ou encore d’un cahier pour prendre des notes – il est plus difficile d’interrompre quelqu’un qui semble absorbé dans un travail que quelqu’un qui baille aux corneilles. Et si toutefois, ce dont vous avez envie là maintenant, c’est justement de regarder les gens passer dans la rue en sirotant tranquillement votre cocktail ou votre café, vous n’avez pas le choix, il vous faut absolument vous armer de patience, d’une bonne dose d’humour, d’une petite liste de punchlines bien senties et d’une bonne dose d’assurance.

4. Se protéger émotionnellement

Voici la dernière catégorie de défenses à mettre en place lorsque vous êtes célibataire : la protection émotionnelle.

C’est une étape qui peut s’avérer difficile puisqu’il s’agit de vous livrer à un petit audit de vos histoires passées (ou en cours). Il est en effet très compliqué de se confronter à nouveau (même mentalement) à des expériences de vie qui ont engendré de la colère, du ressentiment, de la tristesse, du désespoir, un sentiment de solitude, d’abandon ou encore qui ont réveillé chez vous cette petite voix intérieure négative qui vous blesse continuellement (je ne suis pas assez ou je suis trop comme ci ou comme ça… de toute façon, ça ne peut pas marcher… ah si seulement, j’avais eu une enfance heureuse…).

Comment faire cet audit ?

Prenez une grande feuille en orientation paysage et tracez-y un tableau.

  1. Dans la première colonne, listez toutes vos histoires affectives (amoureuses et amicales), celles que vous qualifiez de bonnes comme celles que vous estimez mauvaises ou inachevées.
  2. Dans la deuxième colonne, indiquez votre note (sur 5) et sa valence (+ ou -). Une histoire d’amour qui vous aurait dévasté.e sera notée -5 alors qu’une autre qui vous aurait consolidée sera notée +5. Et entre les deux, il y a évidemment tout le reste. Remarquez bien ici que le zéro correspond à un équilibre entre le ++ et le –, pas à une histoire nulle !
  3. Dans la troisième colonne, indiquez non seulement les sentiments éveillés en vous (les positifs et les négatifs) mais aussi les circonstances d’émergence de vos ressentis. Ex. Lorsque telle personne ne répond pas à mes messages, je ressens de la colère, de la frustration, de la tristesse… Quand bidule m’a appelé.e 15 fois en une journée, je me suis senti.e harcelé.e, enfermé.e ou au contraire aimé.e et choyé.e… Quand mes collègues ont organisé un pot surprise pour mon anniversaire, je me suis senti.e apprécié.e et entourée…
  4. Ensuite, prenez un temps de recul en laissant de côté ce grand tableau. Laissez reposer tout ça quelques jours avant d’y revenir. Dans l’intervalle, votre cerveau aura travaillé tout seul de son côté et sera prêt à vous aider pour la dernière phase de l’audit.
  5. Relisez votre grand tableau et cherchez les structures, les schémas qui se répètent en amour et en amitié (ou plus largement dans vos relations sociales). Repérez les circonstances évidemment mais repérez surtout les émotions récurrentes dans votre parcours affectif.

Prenez le temps de les notez quelque part et partez à la conquête de vous-même en essayant de comprendre comment chacune d’entre elles fonctionnent et comment vous pourriez vous en débarrasser (s’il s’agit d’émotions que vous ne souhaitez plus ressentir) ou au contraire comment en mettre plus dans votre vie sans compter sur les autres pour le faire.

L’autonomie affective est une compétence sociale essentielle quand vous êtes célibataire, que vous cherchiez un nouvel amour ou pas. Elle vous permet d’attirer les bonnes personnes autour de vous et de laisser aller les autres (celles qui cherchent quelqu’un pour leur servir de maman, de papa, de professeur, d’intendant.e, de souffre-douleur ou encore de faire-valoir).

Coaching RDV diagnostic

Quand vous êtes autonome, vous savez mettre vos limites entre vous et les autres sans jamais manquer de respect à qui que ce soit (et à vous en particulier).

Il est donc très important que vous appreniez à vous occuper de vous-même sur ce plan. Vous pouvez effectuer ce travail seul. ou en vous faisant accompagner par un.e psychologue ou un coach.

Quelques suggestions de lecture

Apprendre à se protéger ne se fait pas en un jour mais nous avons de la chance puisque de nombreuses personnes se sont déjà penchées sur ce problème. Voici quelques suggestions de lecture pour approfondir votre travail et votre réflexion.

psychologie de la solitude
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coach de vie

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! J’espère que cet article vous a plu. N’hésitez pas à m’écrire dans la section « commentaires » vos réflexions sur ce sujet.

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