Ça peut paraître étrange mais savoir dire non, ça s’apprend ! En effet, nous ne sommes pas tous égaux devant ce simple mot de trois lettres.
Petite précision utile : je ne parlerai pas ici du refus de consentir à être touché.e, embrassé.e ou à avoir des relations sexuelles – le consentement (ou son absence) pourrait faire l’objet de plusieurs articles à lui tout seul.
C’est simple : il suffit de dire non !
C’est une phrase que j’ai souvent entendue mais non, ce n’est pas si simple.
Pour vous en convaincre, voici un petit exercice de mémoire :
Quelle est la dernière fois ou vous avez dit OUI ou que vous vous êtes tus alors que vous pensiez NON très fort ? Au boulot, cette collègue avait vraiment besoin d’un coup de main ? Votre meilleur ami qui vous a sollicité pour son déménagement en pleine canicule ? Votre enfant qui voulait ce jeu bien trop cher, la dame que vous avez laissée passer devant vous à la Poste, ce client qui vous a demandé des délais de paiement… ?
Réfléchissez bien : il y a forcément des situations où cela vous est arrivé. Identifier les personnes et situations où vous n’êtes plus maître de vos décisions est une phase importante du travail d’apprentissage.
Pourquoi on ne réussit pas toujours ?
Il y a beaucoup d’explications possibles. Parfois, c’est par fainéantise, pour avoir la paix, pour ne pas provoquer un conflit. D’autres fois, c’est parce qu’on a l’impression de ne pas avoir le choix. Il arrive aussi que l’idée que nous avons de nous-même est celle de la personne cordiale, sur qui on peut toujours compter ; on est la bonne copine, l’assistant dévoué… Rares sont celles et ceux qui reconnaissent qu’ils et elles acceptent tout (ou presque) pour une raison moins avouable mais en fait tout aussi fréquente que les autres : par besoin d’être aimé.e et apprécié.e. Effectivement, il est assez difficile de confesser qu’on préfère mettre un couvercle sur nos propres besoins plutôt que de risquer d’être rejeté.e.
Voici les causes les plus fréquentes d’une difficulté à s’opposer :
- sens du devoir
- crainte de déplaire
- respect de l’autorité
- crainte de froisser, de contrarier, de blesser
- sentiment de culpabilité
Mais la réalité est parfois brutale et vous vous apercevrez souvent que les personnes à qui vous rendez des services au détriment de vos propres envies ne se portent pas forcément volontaires pour vous rendre la pareille.
Et tout ça pour une seule raison : une personne qui vous utilise N’EST PAS une personne qui vous aime (ou qui vous apprécie).
Réciprocité
Je vais le redire sous une autre forme : les gens qui fuient devant vos demandes d’aide ne méritent pas d’être vos proches ! Alors oui d’accord, entre amis ou dans la famille, on ne tient pas un livre de comptes. Mais trouvez-vous vraiment légitime (acceptable, normal) que les services rendus aillent toujours dans le même sens ? Faites donc un petit test, juste pour voir : demandez quelque chose à votre tour à certains de vos proches qui vous sollicitent le plus.
Dans le cadre professionnel, c’est encore une autre histoire. Si vous êtes toujours celle (ou celui) qui reste pour finir ce qu’il y a à faire et que vous ne recevez aucune compensation pour cet effort, il y a des chances que vous ne soyez pas apprécié.e à votre juste valeur. Et soyez sûr.e d’une chose : ce n’est pas comme ça que vous grimperez les échelons ni que vous augmenterez votre salaire.
En effet, ne pas savoir dire non vous expose à 4 grands types de conséquences négatives :
- plus de travail
- plus de don de soi
- perte d’avantages ou d’intérêts
- moins de plaisir / négation de son désir
Attention, parfois on sait très bien dire non sur des petits détails sans importance mais on se laisse totalement dépasser lorsqu’il s’agit d’aspects importants de notre vie (ou le contraire, mais c’est moins grave).
Savoir demander
Je sais d’expérience que les personnes qui ne savent pas dire non sont également souvent des personnes qui ne savent pas demander. Si c’est votre cas, je vous conseille amicalement de relire mon article qui traite de l’assertivité ou encore de vous faire accompagner par un professionnel. Personne ne se doit d’être autonome à 100%. Nous sommes des animaux sociaux, ce n’est pas pour rien. Et il n’y a aucune raison d’être toujours le dindon (ou la dinde) de la farce. Personne ne mérite de se traiter et d’être traité.e comme ça.
Pourquoi apprendre à dire non ?
Pour deux raisons principales. Premièrement, apprendre à dire non c’est apprendre à se respecter soi-même. Et lorsqu’on se respecte suffisamment, on peut se faire respecter des autres. Deuxièmement, apprendre à dire non c’est apprendre à le dire sans hausser le ton et sans être agressif. On peut très bien être cordial et ferme en même temps. En d’autres termes, apprendre à prononcer ces trois lettres permet de refuser sans culpabiliser et sans se montrer violent. C’est aussi une des fonctions de l’assertivité.
Comment apprendre à dire non ?
Première chose qui est sans doute la plus importante : essayez de ne pas culpabiliser ! Ne vous chargez pas d’un poids supplémentaire et apprenez à faire taire la petite voix de reproches que vous entendez au fond de vous.
Faites preuve de patience envers vous-même. Depuis toutes ces années, vous avez acquis un certain nombre de réflexes. Votre cerveau sait très bien quels chemins emprunter. Comme pour toute rééducation, il va falloir apprendre à prendre d’autres routes et à vous défaire de vos automatismes. Et ça peut prendre beaucoup de temps. Personne ne peut changer du jour au lendemain. Ne vous découragez pas, allez-y petit pas par petit pas, défi par défi.
En cas de demande importante (que vous évaluez comme telle), proposez des situations alternatives. Par exemple, au lieu de travailler sur un dossier le weekend, proposez de venir plus tôt le lundi matin. « Je ne peux pas déjeuner avec toi mardi midi mais jeudi ce serait bon ».
Vous pouvez aussi botter en touche certaines fois avec l’aide d’un tiers réel ou fictif. « Je compte sur toi pour m’aider à repeindre le salon samedi ? » Répondez : « Je ne peux rien te promettre, je dois demander à X ou Y avant, il me semble que nous avions quelque chose de prévu. » Ou encore « Je n’ai pas mon agenda sur moi, je ne peux pas m’engager ».
Allez-y progressivement sur de petites demandes puis prenez l’habitude de (vous) poser les bonnes questions avant d’accepter n’importe quelle « mission ».
Et n’oubliez pas que quand vous dites OUI à quelqu’un alors que vous pensez non, c’est à vous et à vos propres besoins que vous dites NON.
Si vous avez besoin d’être accompagné dans ce processus, n’hésitez pas à prendre contact avec moi.